PRÉLUDE
La Cible 4.7 des objectifs de développement durable (ODD) met en évidence la nécessité d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour la promotion du développement durable, notamment à travers l’éducation à une citoyenneté mondiale, la promotion de la diversité culturelle, ainsi que la contribution à une culture du développement durable. Tandis que le cinéma s’affirme comme l’une des voies à travers lesquelles ceci est possible, ses potentialités, ressources, mécanismes et politiques demeurent très peu discutés et harmonisés en Afrique. Les données sur la question sont éparses et les multiples acteurs qui sont concernés par ce secteur et y interviennent collaborent très peu entre eux. Cette réalité limite la production de politiques publiques pertinentes et efficaces en faveur de l’émancipation durable de ce domaine social et économique en ce XXIe siècle. Ainsi, il s’agit à travers ce colloque de placer le cinéma au cœur du développement durable, à la fois comme un atout mais aussi comme un instrument de la coopération et du dialogue interculturel, de la paix et du développement en Afrique.
L’activité cinématographique est un puissant vecteur de créativité, de qualité de vie et d’innovation. Elle est créatrice d’emplois et peut agir en faveur d’une croissance économique durable si elle est placée au cœur des agendas politiques, sociaux et culturels. En tant qu’outil qui procède par l’image, le cinéma permet l’accès à la connaissance, l’intégration sociale et la promotion des solidarités. Il contribue à la diffusion des valeurs sociales partagées et véhicule un esprit de tolérance. Il est un outil d’apaisement qui influence, de la manière la plus subtile, les orientations et les préférences des peuples et se révèle utile pour la diffusion et la divulgation des gestes écoresponsables, le développement de l’écoconception, l’éco-consommation en vue de la réalisation de l’agenda 2030.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU COLLOQUE
Le cinéma est un domaine constitué de divers systèmes de représentations collectives et au sein duquel les films s’affirment comme des références de la culture populaire. Il s’est imposé à des périodes décisives de l’histoire du monde contemporain et est par ailleurs appréhendé comme un instrument idéologique, social et culturel des civilisations humaines. Les diverses expériences en Asie et en Occident sont à cet égard très révélatrices. Il suffit de s’intéresser aux récits sur ces parties du monde pour saisir le rôle prépondérant de l’image et du cinéma dans les processus de leur édification sociale, politique et culturelle.
Outil de communication, de solidarité et de loisir, le cinéma a très souvent été envisagé comme un moyen de la solidarité humaine, de renforcement de la cohésion sociale et de transformation économique aussi bien dans les sphères de pouvoir que de prise de décision, bien que cela ne transparaisse pas de façon réelle en Afrique. Le cinéma est en outre un enjeu stratégique qui, sans aucun doute, peut devenir l’une des voies essentielles du décollage des économies africaines. L’observateur attentif à ces questions pourrait se demander par quels voies et moyens, tandis que le chercheur, l’expert et les acteurs du milieu peuvent réclamer plus d’actions cohérentes et de collaboration dans l’élaboration des projets durables en vue du développement de ce secteur sur le continent. Depuis 2015 en effet, les Objectifs de Développement Durable (ODD) sont considérés sur le plan mondial comme la boussole sociale et politique d’un avenir meilleur et durable pour toutes les sociétés humaines et l’année 2018 a été consacrée comme l’année du cinéma. Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), les ODD doivent aiguiller l’ensemble des projets sociétaux, notamment ceux visant à combattre la pauvreté et les inégalités, à protéger le climat et l’environnement, enfin à promouvoir la prospérité tout en préservant la paix et la justice. Au cœur des interactions entre la technique et les sociétés, le cinéma s’avère un instrument de politique et d’action publique, voire l’un des logiciels pertinents et adaptés pour le développement culturel et économique durable des sociétés. En effet, ce dernier peut transformer les habitus sociaux par l’éducation à l’image et l’occupation de la scène par les différentes catégories sociales.
Alors que les défis sont grands et le monde à une décennie du bilan, le secteur, au niveau africain ne paraît pas s’être déjà véritablement approprié les ODD. Certains acteurs sont réticents et d’autres trainent à l’intégrer comme un important pilier d’action pour le développement économique et durable. Monde de tribulations et de complaintes, la production cinématographique et son industrie demeurent très faibles et sous-développées en Afrique. Et l’économie informelle à laquelle celle-ci fait face affecte fortement la rentabilité du secteur. L’investissement des États est relatif et la difficile portabilité des modèles en font un secteur internationalement muet qui tarde encore à libérer son potentiel.
Pour la 8 ème année consécutive, l’Association Yaounde Reviv’Art organise du 31 Octobre au 07 Novembre 2021 à l’esplanade de la mairie de Yaoundé I, la Semaine Internationale du premier film. La principale section de ce Festival est une sélection internationale de premiers films de fiction, d’animation, longs et courts métrages. Vous êtes priés de prendre connaissance du Règlement du Festival 2021 avant de soumettre vos films
La photographie de ce secteur en Afrique, retracée depuis le début de la période postcoloniale, ne prête pas la place à des transformations heureuses comme le dénotent la détérioration et la réduction infortunée du nombre de salles de cinéma, elles-mêmes accompagnées de la mutation des lieux en cadres inopportuns de cultes, ateliers et salles de meetings.
Par ailleurs, la crise de la production, entretenue par le manque de financement et de ressources matérielles et intellectuelles, limite les circuits de diffusion et de distribution des produits cinématographiques de l’Afrique à travers le monde. Et l’anomie ainsi créée est quasi-générale. Elle ne peut laisser inactif tout promoteur des valeurs de cet art. Les 96, 8 milliards de recettes enregistrées dans ce secteur au niveau mondial en 2018 sont l’effort exclusif de sociétés occidentales, l’Afrique jouant le rôle de figurant même si les pays tels que l’Afrique du Sud et le Nigéria se démarquent. Les différentes formes d’une économie circulaire caractérisent également la résilience de ce secteur presque abandonné par l’État en dépit du potentiel africain estimé à de plus de 3 milliards de dollars par an et l’accroissement de la participation active des jeunes, des classes moyennes, ainsi que de la forte pénétration du mobile et de l’internet.
LES OBJECTIFS DU COLLOQUE
Au-delà de ses conséquences considérables sur l’élaboration sociale des cultures et de leurs vies, le développement des libertés individuelles et collectives, la sauvegarde des patrimoines matériels et immatériels, la protection et la promotion des diverses expressions sociales, composantes essentielles du développement humain et durable, le cinéma peut également produire des effets positifs dans la réalisation des ODD de diverses manières. Le cinéma peut aider à la sensibilisation et la mise en réseaux des différents acteurs de l’industrie cinématographique, tout en stimulant le débat, la réflexion et la production de solutions dans une approche collective. S’y pencher par le biais de ce colloque est alors l’occasion d’identifier et d’évaluer les acquis pour un secteur plus productif et durable. Tracer les pistes d’une économie culturelle verte ayant comme entrée principale le cinéma, mobiliser les acteurs du secteur pour une action en synergie ; montrer l’impact du cinéma pour le développement durable à travers son aspect éducation-information – sensibilisation et responsabilisation ; situer le cinéma comme une niche d’emplois décents dans le futur et donc également comme une source de financement des projets et initiatives de développement ;mettre en évidence le caractère inclusif et mixte du cinéma ; montrer le bien-fondé démocratique du cinéma dans la garantie de l’expression publique des diversités.
LES ENJEUX DU COLLOQUE
Interroger et évaluer le poids économique et culturel du cinéma face aux exigences du concept de développement durable, c’est aussi lui reconnaître la capacité à produire des services publics culturels durables. Ces derniers peuvent être capitalisés à plusieurs égards. En effet, en plus d’être un instrument d’innovation sociale, le cinéma renforce le sentiment de fierté d’une nation. Il éveille les consciences et peut en ce sens sensibiliser sur des questions environnementales, les modalités d’un futur viable et durable. L’enjeu est pluriel et il est important que les pouvoirs publics s’en saisissent au regard de ses incidences sociales, économiques et stratégiques.
Le cinéma peut être un catalyseur du développement durable des territoires, de leur compétitivité et de leur marketing. Il accroît par ailleurs les consommations, notamment pendant les évènements internationaux.
Le festival YARHA constitue une grande opportunité pour les territoires d’accueil tels que Yaoundé. Les villes ne sont pas seulement des lieux de production. Elles sont aussi, opportunément, des lieux de consommation. À cet égard, instrument pertinent pour la circulation des films, le festival YARHA est aussi un véritable réseau de distribution, de commercialisation et de promotion de la culture par la médiatisation et le glamour.
DESTINATAIRES / CIBLES
- Chercheurs et étudiants en Arts et production cinématographiques ;
- Amateurs et professionnels du cinéma ;
- Investisseurs ;
- Autorités et Responsables des CTD ;
- Organismes publics et privés culturels ;
- Organisations internationales culturelles ;
- Consultants en Art cinématographique,etc.
AXES DU COLLOQUE
Les participants peuvent s’appuyer sur les expériences historiques et la manière dont elles distinguent les sociétés, le cinéma face aux ODD, les agendas 2030 et 2063 de l’Union africaine (UA), la régulation du secteur, la coopération internationale et la formation, l’impact sur les économies locales, le développement territorial et les questions de son financement, l’éducation à l’image et les sensibilisations précoces dans les établissements scolaires et universitaires, sans oublier les questions sur le développement des compétences, l’inclusion sociale, les droits de l’homme et la lutte contre les inégalités sociales. Les thématiques suivantes, non exhaustives, peuvent faire l’objet de panels ou de communications spécifiques.
- Culture, cinéma, paix et développement durable : état des lieux en Afrique
- Genre, cinéma et droits des femmes en Afrique
- Le financement du cinéma en Afrique
- Les outils de la régulation du cinéma en Afrique : droit, politiques publiques et gestion durable des fonds de soutien au cinéma
- Les filières du cinéma en Afrique et la coopération internationale
- Formation, catégorisation, diffusion et exploitation des œuvres cinématographiques en Afrique
- Marche du film en Afrique
- Les initiatives privées et l’économie informelle
- Expérimentation et perspectives: modèle de financement, systèmes d’exploitation et impact socio-économique d’un film en situation d’industrie.
Les Personnes intéressées devront faire parvenir un résumé de 300 mots maximum au comité d’organisation au plus tard le 31 Aôut 2021 aux adresses suivantes : secretariatyarha@gmail.com/www.festivalyarha.org
CALENDRIER
15 juillet – 04 septembre 2021 : appels à communications
05 septembre – 10 septembre : sélection des communications, courriers aux participants et communications sélectionnées
10 septembre – 12 septembre : élaboration des panels et programme du colloque
30 septembre : délai d’envoi des communications complètes